mardi 10 avril 2012

Pour un grand Front de la Gauche et de l'écologie

Par Stéphane Lhomme, le 10 avril 2012.


Le Front de gauche, Europe écologie-Les Verts et le NPA doivent s'unir pour construire une vraie alternative à la droite… et au PS


Actuellement, le Front de gauche est porté par une incontestable dynamique atour de son candidat Jean-Luc Mélenchon. Pourtant, même si Philippe Poutou et Eva Joly sont aujourd'hui en berne dans les sondages, il ne faut pas oublier que le NPA a connu quelques succès juste après sa création, de même que Europe écologie-Les verts (EELV) lors des élections européennes puis régionales.

Ces trois organisations connaissent donc tour à tour leur "heure de gloire", sans pour autant arriver changer réellement le cours des évènements. Les dirigeants du Front de gauche feraient bien de ne pas se griser et d'écouter les aspirations de la base : la dynamique actuelle n'a pas pour objet de consacrer leur supposée "victoire" sur EELV et sur le NPA, mais de créer les conditions d'une véritable alternative à la droite… bien différente de la simple alternance proposée par le Parti socialiste.

Dans ce contexte, le Front de Gauche, EELV et le NPA (et éventuellement d'autres organisations) doivent s'unir dans un ensemble plus grand et plus fort qui pourrait s'appeler le Front de la gauche et de l'écologie.

Après l'élection présidentielle, grand moment d'enthousiasme… et d'illusions, la réalité va reprendre ses droits : certes, Hollande n'est pas Sarkozy, mais la priorité sera dans les deux cas au "remboursement de la dette", afin de "rassurer les marchés", et ce au détriment de toute politique sociale ou environnementale.

Paradoxalement, la situation serait politiquement plus simple si Sarkozy était hélas réélu. Écartons cette hypothèse et plaçons nous plutôt dans le cas d'un succès de François Hollande. Rien ne serait alors plus dérisoire que de voir, lors de la constitution du nouveau gouvernement puis lors des élections législatives, certains leaders de la "gauche de la gauche" ou de l'écologie faire finalement allégeance au PS.

Il n'est en effet pas envisageable de cautionner la mise en place de politiques antisociales - "justifiées" par le remboursement de dettes dont la population n'est pourtant pas coupable - et anti-environnementales : aéroport de Nantes, continuation du nucléaire (*), recherche vaine de la croissance (même prétendue "verte"), etc.

Il faut donc balayer le dérisoire accord signé avec le PS par des dirigeants d'EELV désireux de devenir ministres ou députés, de même qu'il est impensable que, après avoir (à juste titre) dénoncé le projet très libéral de Hollande, des gens s'arrangent avec le PS pour les mêmes objectifs de carrière politique.

Le combat pour la justice sociale et celui pour la protection de l'environnement se sont rejoints et sont désormais indissociables. Les principaux pollueurs, les multinationales en tête, sont aussi ceux qui exploitent, licencient, délocalisent. Et les gens plus modestes sont les premières victimes des désastres environnementaux.

Il est grand temps d'agir, et ce dès les échéances électorales (présidentielle et législatives) seront passées. J'invite le Front de gauche, Europe écologie-Les Verts et le NPA à prendre ensemble les initiatives nécessaires pour organiser des États généraux de la gauche et de l'écologie afin de construire enfin le mouvement que de millions de gens attendent.


Stéphane Lhomme


(*) Lire "Le nucléaire est incompatible avec les valeurs de gauche".
Lire aussi "Sortir du nucléaire, oui, mais sans référendum !"

Sortir du nucléaire, oui, mais sans référendum !


Par Stéphane Lhomme, le 10 avril 2012.


Il n'y a pas eu de référendum pour imposer le nucléaire, il n'en est pas besoin pour condamner l'amiante, alors pourquoi un référendum sur le nucléaire ? Et puis… comment consulter les générations futures ?


Catastrophe de Fukushima oblige, la question du nucléaire est enfin évoquée lors de la campagne présidentielle. La droite et le PS restent pronucléaires, Europe écologie et le NPA sont contre. Quand au Front de Gauche, il se prononce… pour l'organisation d'un référendum, de même d'ailleurs que certains écologistes. C'est à mon avis une très mauvaise idée, et ce pour plusieurs raisons.

D'abord, il n'y a pas eu de référendum pour imposer le nucléaire, pourquoi en faudrait-il un pour rectifier un des plus grand déni de démocratie de notre époque ?

D'autre part, personne ne demande un référendum pour savoir s'il faut condamner l'utilisation de l'amiante ou s'il faut lutter contre le changement climatique. Alors pourquoi en faire un sur le nucléaire ? Une calamité sanitaire et environnementale doit être combattue, point barre. Faire une exception concernant le nucléaire reviendrait de facto à mettre en doute le caractère injustifiable de cette technologie.

Qui plus est, un référendum sur le nucléaire serait totalement antidémocratique du seul fait qu'il est impossible de consulter les générations futures. Or, c'est bien à ces générations que sont légués les déchets radioactifs et les centrales à démanteler.

La seule chose à faire est de présenter les plus plates excuses de notre génération à celles qui suivent… et d'arrêter au plus vite d'augmenter la quantité des horreurs radioactives que nous leur laissons.

Arrêtons nous maintenant un instant sur le cas du Front de Gauche, composé de plusieurs organisations qui ont des positions différentes sur le nucléaire. Plusieurs composantes, dont le Parti de gauche, sont contre. Le PCF reste à ce jour immuablement favorable à l'atome (*).

Le plus grave est sûrement que, en s'arc-boutant sur la défense du nucléaire, les dirigeants du PCF réduisent considérablement les chances de création d'un grand Front de la gauche et de l'écologie, qui serait à même de proposer enfin une véritable alternative à la droite, à la place de la simple alternance proposée par le PS.

Le combat pour la justice sociale et celui pour la protection de l'environnement se sont rejoints et sont désormais indissociables. Les principaux pollueurs, les multinationales en tête, sont aussi ceux qui exploitent, licencient, délocalisent. Et les gens plus modestes sont les premières victimes des désastres environnementaux.

C'est en particulier le cas lors des accidents nucléaires, comme actuellement autour de Fukushima : ceux qui en ont les moyens sont partis s'installer ailleurs, mais beaucoup de personnes âgées et de familles pauvres restent dans les zones contaminées, avec de graves conséquences à court ou moyen terme, en particulier sur la santé des enfants.

Nous renvoyons pour finir au document joint, "Le nucléaire est incompatible avec les valeurs de gauche". Pour ceux qui se revendiquent de ces valeurs, ce n'est donc pas un référendum qu'il faut revendiquer, mais directement la sortie du nucléaire.


Stéphane Lhomme


Lire aussi "Pour un grand Front de la Gauche et de l'écologie"
et "Le nucléaire est incompatible avec les valeurs de gauche"

Le nucléaire est incompatible avec les valeurs de gauche


Par Stéphane Lhomme, le 10 avril 2012.


Lire aussi "Sortir du nucléaire, oui, mais sans référendum !"
et " Pour un grand Front de la Gauche et de l'écologie"



Certains arguments pour ou contre le nucléaire peuvent être défendus par les citoyens indépendamment de leurs opinions politiques. Par contre, ce débat prend une dimension particulière lorsqu'on se reconnaît dans les valeurs de gauche. Petit inventaire…



Le nucléaire a été imposé par la violence et la répression

La construction de toutes les installations nucléaires, principalement dans les années 70 et 80, a été contestée par d'importantes manifestations populaires. Ces dernières ont été violemment réprimées par l'Etat français, à grands renforts de compagnies de CRS et de gendarmes mobiles, y compris sous des gouvernements de gauche (après mai 1981). Continuer aujourd'hui à justifier l'existence et le fonctionnement de ces installations revient à tirer parti du fait accompli et à justifier de la violence utilisée à l'époque.


Le nucléaire se maintient par la répression et l'intimidation

Aujourd'hui encore, en France comme dans les autres pays nucléarisés, les citoyens qui s'opposent à l'atome sont fichés, surveillés, espionnés, perquisitionnés, arrêtés. Puisque le nucléaire est trop dangereux pour laisser les citoyens s'y intéresser (au risque de favoriser les desseins malveillants de fous ou de terroristes), alors, au nom des valeurs de gauche, il faut renoncer à cette énergie.


Les alternatives créent beaucoup plus d'emplois que le nucléaire

Après avoir longtemps soutenu le nucléaire, le grand syndicat allemand IG METALL a totalement changé de position au nom de l'emploi, après avoir constaté les résultats des plans alternatifs (économies d'énergie, énergies renouvelables) lancés en 2000 en même temps que la sortie du nucléaire. Le nucléaire est finalement assez peu créateur d'emplois, et il faut aussi se poser la question de la qualité de ces emplois (voir point suivant).


Des salariés sont obligatoirement irradiés pour la maintenance des centrales

La maintenance des centrales nucléaires implique nécessairement que des salariés aillent dans des zones irradiantes au détriment de leur santé. Même s'ils sont "bien suivis" (ce qui n'est pas toujours vrai), ces irradiations ont des conséquences inévitables à court ou moyens terme. Il est incompatible avec les valeurs de gauche que des salariés soient irradiés pour simplement gagner leur vie.


Le nucléaire implique une politique néocoloniale et des relations avec les dictateurs

La France importe 100% du combustible qu'elle utilise pour faire fonctionner ses réacteurs nucléaires, l'uranium. Les mines d'uranium causent des dommages dramatiques à l'environnement (contaminations, assèchement de nappes phréatiques, etc) et les premières victimes sont les populations autochtones : Touareg au Niger, Indiens au Saskatchewan (Canada), Aborigènes en Australie, etc. La France impose d'ailleurs une politique néocoloniale au Niger d'où elle puise la majorité de "son" uranium. D'autre part, la France vient de passer des accords avec Nazarbaev, le dictateur du Kazakhstan, pour accéder à ses réserves d'uranium.


Les populations des pays pauvres rejettent le nucléaire

Certains tentent de justifier le nucléaire par le fait que des millions de gens n'ont pas accès à l'électricité, en particulier dans les pays pauvres. Or, tout en réclamant l'accès à l'électricité, les populations pauvres rejettent le nucléaire. C'est par exemple le cas actuellement en Inde ou les populations locales se mobilisent contre des projets de centrales nucléaires à Jaitapur (projet du français Areva !) et dans le Tamil nadu. La police indienne réprime violement ces mobilisations : il y a déjà un mort (à Jaitapur) et des manifestants arrêtés et menacés de prison à vie. C'est encore plus intolérable quand on se revendique des valeurs de gauche.


Le démantèlement et les déchets nucléaires sont légués aux générations futures

Ceux qui construisent et exploitent des centrales nucléaires ne sont plus là le moment venu pour assumer, face aux générations futures, le démantèlement de ces centrales et les déchets radioactifs qu'elles ont produit. Par exemple, 10 réacteurs nucléaires de première génération sont arrêtés depuis plus de 20 ans en France, et attendent toujours d'être démantelés. Risques environnementaux, financements toujours  sous-estimés… il est injustifiable de laisser ces graves problèmes à nos enfants. Prétendre que "la recherche trouvera bien des solutions" est une façon de se dédouaner à bon compte avec des promesses plus qu'incertaines. Les gens qui consomment de l'électricité aujourd'hui doivent assumer sur une génération les conséquences de cette consommation, et ne pas laisser le problème aux générations futures.


Les plus faibles sont les principales victimes des accidents nucléaires

Comme le montre hélas le drame de Fukushima, les gens les plus faibles et les plus pauvres sont les principales victimes des catastrophes nucléaires : ceux qui en ont les moyens peuvent aller s'installer ailleurs mais, de nombreux reportages le prouvent, beaucoup de personnes âgées et de familles pauvres restent dans les zones contaminées, avec de graves conséquences à court ou moyen terme sur la santé des enfants. Il serait totalement dérisoire à répondre à ce problème en promettant : "En cas de catastrophe nucléaire, nous évacuerons tout le monde, même les pauvres et les personnes âgées".


Il est finalement clair que le nucléaire est par nature incompatible avec les valeurs de gauche.