Revenons d'abord 5 ans en
arrière : le 16 mai 2007, Sarkozy devient Président de la
République.
Le 21 mai, une délégation d' « écologistes officiels »
(à savoir : choisis par l'Elysée avec la collaboration de
Nicolas Hulot) est reçue par Sarkozy. En sortant, ces
« chefs écologistes » autoproclamés, principalement Hulot, Jadot
et Bougrain, se déconsidèrent devant les médias en parlant de
«jour historique pour l'environnement. »
Quelques temps auparavant avait été mise en place une
sorte de coordination, baptisée Alliance pour le planète, sous prétexte de « fédérer les écologistes en vue du
Grenelle » de Sarkozy. En réalité pour booster les ambitions de
certains carriéristes...
Suite à la mascarade du 21 mai, de nombreuses
associations ont protesté, aussi, le mardi 5 juin 2007, à Paris,
est organisée une grande réunion de l'Alliance pour la
planète. Mais il apparait vite que tout est déjà bouclé :
Jadot nous signifie qu'il ne s'agit pas d'une réunion
décisionnaire, juste
d'une "séance d'information". Les "chefs écolos" ont donc la
gentillesse de nous informer de ce qu'ils font... en notre nom.
On notera d'ailleurs que FNE avait annulé depuis
quelques temps sa participation à l'Alliance (*), pointant en
particulier le fait que des porte-parole (dont Jadot !)
soient subitement apparus, sans aucun mandat et en
contradiction avec les règles de l'Alliance. Si les dirigeants
de FNE dénoncent ces méthodes, ce n'est pas qu'elles les
choquent, c'est simplement... par peur de se faire piquer les
places (lucratives) de cireurs de pompes de Sarkozy !
Durant la réunion de l'Alliance, toutes les questions un peu gênantes ont obtenu des réponses du genre "Ça a été décidé lors des réunions précédentes". Réunions auxquelles personne n'avait été convié, bien sûr. Imparable.
Chaque fois que nous protestons contre ce coup de
force, deux roquets issus d'une association jusque là inconnue,
Ecologie sans frontière, montent au créneau pour
contrecarrer les effrontés qui osent demandent des comptes.
Jadot jubile : de cette façon, les "chefs" sont protégés. Une
répartition des rôles très au point.
Les imposteurs d'Ecologie
sans frontière sont
remerciés au centuple de leur collaboration
puisqu'ils font partie du groupe des « grandes associations »
reçues à l'Elysée, avec FNE, WWF, Greenpeace, Fondation Hulot,
etc. Pas mal pour une asso comptant deux adhérents !
Il y avait donc deux catégories d'écologistes : les
"écolos officiels" et les autres, réduits au rang de
« troupes », même pas informés de ce qui est fait en leur nom.
C'est d'ailleurs dans un article de Libération (4 juin) que ces
malheureux découvrent que 6 groupes de travail ont d'ores et
déjà été mis sur pied par l'Élysée : Climat, Biodiversité, Santé et
environnement, Agriculture et ruralité, Institutions et
gouvernances, Mode de développement économique et emploi.
Jadot nous sort alors un "paper board" (instrument très
efficace pour montre qui commande !) et détaille l'organisation
de l'Alliance pour le Grenelle : six groupe de travail
(correspondant au six groupes officiels), un "groupe contact"
composé des « écologistes officiels » et deux porte-parole (déjà en place, comme ça pas de mauvaise
surprise !) dont lui même...
Les écologistes avaient pour une fois un puissant moyen
de pression, il leur suffisait de dire par exemple : « Pas de
Grenelle si le chantier de l'EPR n'est pas stoppé ».
Sarkozy avait absolument besoin des écolos pour sa mascarade, il
était donc possible d'arracher quelque chose. Mais les
arrivistes avaient tellement peur de déplaire à leur nouveau
maître qu'ils sont allé au Grenelle sans rien exiger en
échange !
On a même eu droit à un festival de la part de Jadot :
à chaque annonce gouvernementale contredisant les engagements
écologistes (sur le nucléaire, la pêche, les autoroutes, etc),
il lançait des menaces de matamore, jamais mises en oeuvre. Par
exemple :
Libération, 22 mai 2007 : «S'il s'avérait que l'on ne peut pas aborder un sujet de fond tel que le nucléaire, nous, on lâchera la négo», affirme Yannick Jadot
Marianne.fr, 19 Juin 2007, : Yannick Jadot (Greenpeace) : «S'il y a encore
des décisions contraires à l'esprit du Grenelle de
l'environnement, il n'y aura pas de Grenelle».
AFP, 6
juillet 2007 : "S'il s'avèrait que (M. Borloo)
recule sur le processus de négociations, pour nous
il n'y aurait plus de Grenelle" a rappelé vendredi Yannick Jadot.
Politis,
12 juillet 2007 : Yannick
Jadot
« Le
gouvernement ne peut pas se payer le luxe d’un échec, et
surtout pas de nous voir claquer la porte du
Grenelle. »
Libération, 16 juillet 2007
: « S'il advenait que le
Grenelle se transforme en simple consultation, ou bien si
des sujets comme le nucléaire ou les OGM devaient devenir
tabous, alors les
associations de l'Alliance quitteraient un processus
devenu simple exercice de communication», affirmait
Yannick Jadot, porte-parole de l'Alliance ».
Or le summum est atteint quelques jours plus tard, le
25 juillet 2007 : Sarkozy
signe à Tripoli un accord nucléaire avec le dictateur Kadhafi ! Pensez-vous que Jadot claque la porte face à cette provocation ultime ? Non
bien sûr, il reste sagement à sa place de collaborateur de
Sarkozy. Quelques temps plus tard, il reprend ses ridicules
menaces de matamore : Le
Figaro 12 septembre 2007 : Yannick
Jadot, « (…) Si c'est comme ça, nous sortirons du Grenelle ».
Finalement, chacun finira par comprendre que le Grenelle était une immense tromperie, mais Jadot aura atteint son seul objectif (qui n'a rien à voir avec l'écologie) : se faire connaître. Pour cela, il a fallu dérouler le tapis vert pour Sarkozy, le Président le plus anti-écolo et le plus pronucléaire qui soit, mais on n'a rien sans rien...
Entre temps, Jadot est vainqueur d'un concours de
circonstance : EDF ayant mis en place une surveillance de divers
militants écologistes, les enquêteurs tombent par hasard (ils
cherchaient des éléments dans une affaire de dopage lors du Tour
de France !) sur un CD estampillé « Jadot ».
Greenpeace et Jadot font condamner EDF mais,
curieusement, une surprenante révélation faite par Le Point (cf
http://bit.ly/rKpOAe
) est passée dans un premier temps inaperçue : un des espions « se vantait d'avoir deux taupes, qu'il appelait X
et Y, chez Greenpeace et à l'association Sortir du nucléaire.
»
Une
taupe à Greenpeace ! Et personne ne se demande qui ? Une
autre à Sortir du nucléaire ? Or cette association a connu
quelques temps plus tard une surprenante « épuration »
permettant d'évincer les militants les plus incisif... Patience,
la vérité arrive, lentement mais sûrement...
Cependant, cette petite notoriété (député européen et
« espionné ») n'apporte pas grand chose à Jadot. Un « miracle »
se produit alors : Daniel Cohn-Bendit lance une dream team
pour les élections européennes. Il recrute des pointures comme
José Bové ou Eva Joly, et complète son tableau de chasse par
quelques associatifs supposés représentatifs.
Jadot quitte Greenpeace sur l'heure (au diable les
« convictions » !) car il se voit attribué par Cohn-Bendit la
tête de liste dans l'Ouest. Le voilà député européen : comme
quoi ça paye de cirer les pompes de Sarkozy !
Mais rapidement, notre ambitieux s'aperçoit que
travailler à Bruxelles n'est pas très porteur. Heureusement
arrive l'élection présidentielle, et d'abord la primaire d'EELV.
Ne doutant de rien, Jadot réserve un nom de domaine Jadot2012
(cf http://bit.ly/JjHdIO
) mais, catastrophe, Hulot se présente : Jadot ne peut rivaliser
face à... lui-même en mieux (ou en pire, c'est selon) !
Jadot se place donc auprès d'Eva Joly dont il devient porte-parole pour la campagne présidentielle. Mais un jour, la candidate ose critiquer le PS (sans lequel il n'y a pas d'avenir politique radieux !). Sans hésiter, Yannick Judas poignarde Eva Joly dans le dos en démissionnant avec fracas (cf http://bit.ly/tCcWm6 ). Peut-être que le PS le récompensera le moment venu ?
Pourtant, élu dans l'Ouest, Jadot est directement
concerné par le projet d'aéroport de Notre Dame des Landes (près
de Nantes), auquel s'opposent frontalement (et à juste titre)
les écologistes. Or, chacun s'attend à ce que le député-maire de
Nantes, Jean-Marc Ayrault, farouche promoteur de l'aéroport,
devienne premier ministre.
De quoi obérer l'avenir ministériel dont rêve Jadot ?
Pas du tout : entre gens bien élevés, on arrive toujours à
s'entendre (cf http://bit.ly/JDYGtZ ). Quand
on a déroulé le tapis vert et serré les pompes de Sarkozy, ce
n'est pas compliqué d'en faire de même avec Jean-Marc Ayrault...
Finalement, lors de la constitution du premier gouvernement de l'ère Hollande, en mai 2012, c'est Cécile Duflot qui a mis son véto à la nomination de Jadot, qui a donc frôlé son objectif (devenir ministre).
Vous pensez peut-être que ce dernier a été recalé
pour avoir, 5
ans plus tôt, déroulé le tapis vert pour Sarkozy et sa mascarade
appelée Grenelle
de l'environnement ? Vous n'y êtes pas du tout : Cécile Duflot
ne voulait
simplement pas, à ses côtés dans le gouvernement, un
« écologiste »
qui soit encore plus prétentieux et arriviste qu'elle !
(*) Courrier de FNE annonçant son départ de l'Alliance
: « … il n’a jamais été
prévu que l’Alliance soit une structure autonome et intégrée,
avec un (ou des) porte-parole et des administrateurs (ou
assimilés), qui se superpose aux associations existantes. Or,
nous avons constaté à plusieurs reprises que des membres de
l’Alliance étaient présentés, dans la presse ou des réunions
publiques, comme porte-parole... »